Chronique 14 – le patrimoine agricole
Le patrimoine agricole est largement présent sur le territoire québécois et la diversité de ses granges est considérable. Bien que ces bâtiments agricoles soient nombreux sur notre territoire, chaque grange est unique. Elle résulte des caractéristiques régionales, des habiletés de ceux qui la conçoivent et la construisent et des ressources du propriétaire.
Dans les quartiers ruraux de la ville de Rouyn-Noranda, il n’est pas rare de voir une énorme grange derrière une résidence bien que celle-ci ne soit plus utilisée activement pour l’exploitation agricole.
À Beaudry, derrière la maison de colonisation de Philippe Levasseur, on retrouve une superbe grange coiffée d’un toit en mansarde à pente raide. Ce type de toiture, aussi appelé toit brisé à deux étages, deviendra vite populaire grâce à sa grande possibilité de logement, surtout dans les combles, pour entreposer le foin. Ce type de toit, sans poutres de bois qui traversent et lient deux parties opposées dans la couverture, permettait l’installation de poulies mobiles, ce qu’on pouvait difficilement faire avec un toit à pignon. Il est dit qu’à plusieurs endroits dans nos campagnes québécoises, les habitants avaient tendance à scier ces poutres de couverture afin d’installer des poulies, ce qui expliquerait en grande partie l’affaissement partiel du toit de plus d’une grange.
À Cloutier, on retrouve une grange à toit en carène, bâtiment qui servait principalement de hangar d’avions. L’armature permet de tracer un seul grand arc en plein-cintre, se terminant avec un léger galbe et permet également de très grandes ouvertures pour les engins. Les hangars de la 13e Rue à Rouyn-Noranda sont un autre exemple de cette architecture. La grange-carène de Cloutier est donc une particularité intéressante du paysage rural ayant subi l’influence du paysage industriel.
Le patrimoine agricole se dégrade, mais il compte encore de superbes bâtiments petits et grands. Bien conservés ou habilement restaurés, ces survivants viennent rappeler à notre mémoire les anciens attraits de nos paysages ruraux.