LA SALLE DES TURBINES – BRIGITTE TOUTANT

La conception de cette oeuvre prend sa source dans le désir de créer un espace en trompe-l’oeil et de provoquer une distorsion entre notre perception de la structure architecturale réelle et celle d’un lieu, d’un contenu inventé. La salle des turbines est le résultat d’un assemblage d’éléments épars qui s’imbriquent les uns dans les autres où se côtoie plusieurs profondeurs de champs. Des contrastes sont créés entre les éléments nets et flous pour favoriser la fluidité du mouvement dans la composition de l’image et de l’espace représenté. À l’avant-plan de l’oeuvre s’impose une trame régulière de cercles dans un aplat de couleurs unies. Au deuxième, la scène représentée se dévoile à travers les cercles, comme s’il s’agissait du contenu d’un volume ajouré. L’oeuvre murale est intégrée sur les murs intérieurs à proximité de l’entrée du gymnase de l’école. Là où les choses prennent une tournure inattendue, c’est que 310 des 1 387 cercles, sont en fait des roulettes montées sur des roulements à billes permettant leur rotation. La représentation figurative peut être altérée si le spectateur décide d’agir sur l’image globale en tournant les pièces mobiles. Il est ainsi possible de « déconstruire » l’image en bougeant les roulettes. Des repères subtils sur chacune d’elles facilitent la remise en ordre de l’image. Dans la composition s’impose le chevauchement d’images et de perspectives, que ce soit pour suggérer de fausses profondeurs ou pour fondre des éléments entre eux. Cette scène statique est empreinte d’un potentiel d’action, de mouvement. L’idée de l’artiste était de mettre en scène le contexte d’aquarium, où se retrouve le chat (à la même échelle que le poisson), et où un ventilateur est susceptible de déplacer l’eau, ou l’air, et de rendre illisible le visage du chat… et où le chat peut s’animer… le chaos est espéré et laisse anticiper des résultats potentiels, imprévisibles.

L’artiste

Détentrice d’un baccalauréat en arts visuels de l’Université Laval à Québec (1997), Brigitte Toutant vit et travaille à Rouyn-Noranda. Elle crée des collages photographiques qu’elle réalise ensuite en peinture. Ces associations d’images sont dictées par la forme, le mouvement, la tonalité et le hasard. Son traitement réaliste de la peinture contribue à perturber notre perception de l’objet connu ou usuel. Elle s’intéresse à la fluidité et au choc rendus possibles grâce aux juxtapositions d’images et de textures qui donnent l’impression d’un monde existant. Dans un esprit utopique, elle crée des rencontres improbables en concevant ce qui est irréalisable. Sa façon d’aborder la représentation tend vers une forme d’abstraction où les éléments sont considérés d’un point de vue strictement formel. Voilà ce qui anime sa production, quel que soit le médium. Elle a participé à de nombreuses expositions individuelles et collectives, entre autres à la galerie de la Fontaine des arts (2015), à la Galerie du Rift (2013), au Centre d’exposition de Rouyn-Noranda (2013) et à la Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord dans le cadre de l’exposition collective Excès et désinvolture (2010). Elle a obtenu des bourses du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Fonds des arts et des lettres de l’Abitibi-Témiscamingue. La Ville de Rouyn-Noranda lui a remis le Prix Artiste lors de la remise des Prix de la culture 2012.

brigittetoutant.ca

La salle des turbines (Une scène statique, empreinte d’un potentiel d’action, de mouvement… le chaos est une éventualité)
2011
École primaire McCaig, Commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier, Rosemère
Peinture et vernis acrylique, fibre de pin 5/8″, roulements à billes, tiges d’acier 1/2″
Installations Média-Pub
Crédit photo : Brigitte Toutant